CAMILLE JURIEN

1. Une Réunionnaise méconnue

On se souvient souvent de grands Réunionnais et rarement de grandes Réunionnaises, issus de notre histoire coloniale. On se souvient néanmoins, aujourd'hui, de nos grand-mères, telle Louise Siarane, née à Madagascar vers 1645, décédée le 24 septembre 1705, qui par son mariage à Etienne Grondin puis son remariage à Antoine Payet apparaît dans l'arbre généalogique de nombreux réunionnais. On se souvient de Mme Desbassayns, de Célimène Gaudieux ou d'Aimée Pignolet de Fresnes. Mais la mémoire de Marie-Antoinette Camille Jurien de la Gravière, née le 4 août 1811 et décédée le 11 août 1878, semble s'être effacée.

Ombline DESBASSAYNS 
(3 juillet 1755 -4 février 1846) 
Grand-mère de Camille Jurien, elle dirigeait de main de maître de vastes domaines dont la prospérité était basée sur l'exploitation du travail de centaines d'esclaves.

Célimène GAUDIEUX 

(20 avril 1807 -13 juillet 1864)

 Créatrice et interprète de chansons populaires créoles souvent satyriques (depuis 2005, le Prix Célimène récompense l'artiste réunionnaise la plus créative de l'année).

Aimée PIGNOLET DE FRESNES 

(2 juin 1810 -28 janvier 1889) 

Co-fondatrice de la congrégation des Filles de Marie qui réunit, en 1849, douze femmes de races et de couches sociales différentes pour s'occuper de « ceux que le monde rejette ».

2. Une femme d'action et de conviction

Selon les écrits de deux historiens,  fr. André Duval (La vie monastique recommence à Prouilhe, conférence du 8 Août 1980, https://www.prouilhe.com/textes/duval.pdf ) et Prosper Eve (Un quartier du "bon pays", Sainte-Suzanne, de 1646 à nos jours, pp. 214-220, Océan Editions, 1996), les archives familiales de Christel et Auguste De Villèle, mais aussi les recherches effectuées par le Mémorial aux archives départementales et nationales, au monastère dominicain de Prouilhe, dans l'Aude, et aux archives de la congrégation des Soeurs Auxiliatices, à Paris, Camille Jurien est un personnage hors du commun dans la société coloniale du XIXe siècle: sa correspondance nous fait découvrir une femme de conviction, intrépide, bien au fait de la vie politique et économique de son temps. Voyageuse infatigable, souvent solitaire après sa séparation d'avec son mari, dont elle n'aura pas d'enfants, c'est une catholique fervente à la conscience tourmentée dont les lettres rendent compte de conversations intimes avec Dieu.

Une Réunionnaise entre deux hémisphères

Née à Bourbon, elle est éloignée dès l'adolescence de sa famille et de son île natale pour recevoir en France, en pension, une éducation austère; puis, à 20 ans, elle se marie à Bourbon mais quitte à nouveau la colonie pour suivre son mari alors préfet de Rochefort. Elle reviendra sur l'île en 1844 après le décès de sa mère.

La santé de Joseph Desbassayns s'étant agravée, il doit quitter son habitation et, en 1845, il réside à Paris, sans doute pour être plus proche de sa fille et pour y recevoir les soins nécessaires à son état [1]. A partir de cette date, la responsabilité quotidienne de l'habitation de Bel-Air sera donc confiée à un homme de confiance Hippolyte Féry puis la gestion des affaires sera assurée par Albert de Villèle (1813-1881) et supervisée de loin par Charles Desbassayns (1782-1863), frère de Joseph[2].

Lorsqu'elle deviendra propriétaire de l'habitation, après le décès de son père en 1850, Camille Jurien ne remettra pas en cause l'arrangement convenu avec lui. Elle effectuera à plusieurs reprises la longue traversée à la voile via Sainte-Hélène et le Cap de Bonne Espérance ; ou choisira de voyager plus rapidement, avec la malle, via Suez et Aden, franchissant l'équateur une douzaine de fois dans un sens ou dans l'autre, pour séjourner à Bel-Air quelques mois, rarement plus d'une année. Lors de ses séjours à Bel-Air, Mme Jurien veillera personnellement à la santé des 300 à 700 personnes vivant sur l'habitation, à l'éducation chrétienne des travailleurs et à la conversion des engagés qu'elle confiera à l'abbé Leclerc (ou Leclaire)[3].

Une Desbassayns entre fidélité et rupture

Avant l'abolition de l'esclavage, Camille Jurien qui est légitimiste, comme son père, épouse néanmoins les convictions du père Lacordaire[4], futur élu de la 2ème République et précurseur de la doctrine sociale de l'Eglise. Elle fait sienne, peu à peu, la condamnation de l'esclavage que le dominicain exprime dans ses conférences de Carême à Notre Dame de Paris. Le 14 avril 1847[5], elle fait ainsi parvenir à Charles Desbassayns le deuxième recueil de ces conférences où l'on peut lire :

« Vous auriez pu croire que vous aimiez l'humanité par vous-mêmes, et que la philanthropie suffisait à l'établissement de la fraternité universelle. Dieu a pris soin de vous détromper. Que des Européens, des Français, descendent quelques degrés de latitude et soient transportés sous un soleil plus chaud, leur philanthropie expire aux portes d'une fabrique de sucre. Devenus possesseurs d'esclaves, ils découvriront les plus puissantes raisons du monde en faveur de la servitude : celles-là même que je disais tout à l'heure, la nécessité du travail, l'impossibilité de l'accomplir par eux-mêmes, le devoir de s'enrichir, l'infériorité de la race assujettie; l'on ira au loin chercher cette race privilégiée, et si elle n'est pas encore assez proche de la bête, on aura soin, en la maltraitant et en la privant d'éducation, de l'amener au niveau de bassesses et d'abrutissement désirable pour que tous la jugent incapable et indigne de la liberté. Voilà l'homme, Messieurs, et quels obstacles la doctrine catholique devait trouver en lui pour l'établissement de la fraternité. »[6]


Henri Lacordaire (1802-1861 ), par Théodore Chassériau (1840), musée du Louvre.

Huit ans plus tard, et sept ans après l'abolition de l'esclavage à La Réunion, Lacordaire signera au nom de Camille Jurien l'acte d'achat, pour 45 000 francs, du site du futur monastère de Prouilhe, dans l'Aude. L'acte notarié stipule, à la demande de Mme Jurien :

« La présente acquisition est pour servir de remploi de partie de cent deux mille deux cent quatre vingt sept francs vingt centimes [...] laquelle somme avait été mise en dépôt [...] et provient de l'indemnité accordée par le gouvernement par suite des dispositions du décret du vingt-sept avril mil huit cent quarante-huit relatif à l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. »[7]

Cette précision est fondamentale aux yeux de celle qui va entreprendre une œuvre encore inédite d'expiation sinon de réparation du crime de l'esclavage, comme elle l'expliquera quelques années avant sa mort :

« L'indemnité, prix de nos noirs, me semblait être une chose sacrée, mais non propre à moi, et souvent, j'avais demandé à N.S à quoi il la destinait, mais jamais encore je n'avais reçu aucune lumière à ce sujet, lorsqu'il me fit voir à mon arrivée à Paris, au retour de Prouille, que cette indemnité devait être employée à reconstruire ce couvent en expiation des crimes de l'esclavage et pour tous mes parents ayant vécu pendant cette période. »[8]


                             La basilique Notre Dame de Prouilhe (photo M.C.J)

Une aventurière mystique

Mme Jurien consacre sa fortune à de nombreuses autres œuvres que celle de Prouilhe, en France, à La Réunion ou en Italie, mais elle fait plus encore et n'hésite pas à payer de sa personne pour aller au secours de ceux que le monde abandonne à un triste sort. Elle se lance ainsi dans deux aventures improbables, pour une femme du XIXe siècle. La première pour aller au secours du pape Pie IX en exil, la seconde pour tenter d'humaniser le recrutement d'engagés africains à Zanzibar.


L'aventure italienne (1849-1870)

Le 21 décembre 1848, Camille Jurien rend compte sobrement à Charles Desbassayns de la destitution du Pape Pie IX, par la révolution à Rome :

« Le pape dès aujourd'hui a été déclaré déchu de sa souveraineté temporelle. Que le saint nom de Dieu soit béni en toutes choses. Il sait mieux que nous ce qu'il nous faut. »[9]

Elle se contente alors de prier pour le pontife, comme de nombreux autres catholiques de France ; mais, lorsque le pape est forcé de quitter Rome et de s'exiler à Gaète, alors que les politiques et les évêques français se déchirent sur l'attitude à adopter face au « Resorgimento » italien et aux attaques contre les états pontificaux, Mme Jurien traverse le Piémont - avec une escorte de brigands, selon la légende - pour rejoindre le pape et lui apporter son soutien. Plus tard, on la retrouvera aux côté du bataillon des Zouaves pontificaux, ces jeunes volontaires Français, Belges, Irlandais et Hollandais à qui elle prodiguait tous ses soins. Selon le dominicain M. D. Constant,

« Madame Jurien suivit les troupes du Pape sur tous les champs de bataille et soigna les héroïques blessés de l'armée de Lamoricière et de Pimodan avec une tendresse maternelle. Cette fidèle servante de la Papauté était encore à Rome au moment du siège de cette ville par les Piémontais et de la capitulation qui s'ensuivit le 20 septembre 1870. Elle rentra peu après en France avec le régiment des Zouaves et le suivit au Mans, continuant à prodiguer son dévouement et ses soins à ces chers enfants devenus les Volontaires de l'Ouest pendant la guerre de 1870, lors de l'invasion allemande»[10]


L'aventure africaine (1858)

Entre deux séjours en Italie, Mme Jurien se rend à Prouilhe puis à La Réunion. En 1858, Sa fortune, qui semble alors inépuisable, lui permet de financer la construction à Bel-Air d'une chapelle néogothique destinée à ses engagés; elle lui permet également de se lancer dans une expédition qui s'avèrera catastrophique pour ceux qu'elle entraîne avec elle.

Il existe deux versions quelque peu divergentes de cette aventure, la première, conforme à la légende dorée est donnée par l'évêque de La Réunion, Mgr Maupoint, à Emilie Aussant, dans une lettre du 7 décembre 1859[11] . L'autre version de l'aventure, plus circonspecte, émane de L. Cochet, Consul de France à Zanzibar, dans un rapport qu'il rédige en décembre 1858 à l'intention de son ministre de tutelle [12].

L'association a pu établir qu'en octobre 1858 Mme Jurien arrive, à bord du trois mâts la Pallas, en vue de l'île de Zanzibar, où l'esclavage sévit encore, pour y affranchir des esclaves et les ramener à La Réunion comme engagés ; en effet, tous les journaux le répètent à l'envi : la main d'œuvre manque, alors que la culture de la canne prospère. Mme Jurien se fait accompagner par l'abbé Leclaire, ce qui indique que l'inspiration missionnaire n'est pas étrangère à cette expédition.

Bien des recruteurs se sont lancés avant elle dans cette entreprise qui ressemble fort à celle des négriers, vilipendée par Lacordaire en 1847. Selon Mme Chaillou-Atrous, spécialiste de l'engagisme africain à La Réunion, « Les recruteurs - pressés par les planteurs réunionnais et avides de profit - bravent tous les interdits pour se procurer des engagés en nombre. Ils enrôlent à la hâte, sans ordre, et dans les pires conditions possibles cette marchandise humaine si précieuse »[13]. Mme Jurien est sans doute au courant de ces pratiques; elle croit pouvoir agir plus humainement en se déplaçant personnellement, et en toute légalité puisque Napoléon III autorise le rachat préalable d'esclaves depuis 1856.

La Pallas jette l'ancre, le 28 octobre 1858 à Zanzibar, face au palais de Seyyid Majid bin Saïd (1856-1870), qui règne alors sur un empire s'étendant du Sud de la Somalie actuelle au Nord du Mozambique actuel avec des vassaux dans l'intérieur de la Tanzanie et aux Comores. Celui-ci, qui s'était refusé auparavant à traiter avec les commandants de navires réunionnais, autorise cependant Mme Jurien à racheter deux cents esclaves sur son territoire. Mme Jurien évoque également avec lui les conditions de l'installation d'un hôpital à Zanzibar où la situation sanitaire est déplorable.

Marché aux esclaves de Zanzibar- 2e tiers du XIXe siècle

                                                                (photo  Bojan Brecelj/Corbis)

Cependant le voyage de retour tourne mal : la dysenterie et la variole font des ravages à bord et, malgré les soins qui leur sont prodigués, la moitié des engagés ne verront jamais les côtes réunionnaises. La Pallas jettera l'ancre dans la rade de Saint-Denis le 13 décembre 1858[14] et les passagers seront confinés à bord pendant toute la durée de la quarantaine sous voiles[15]. Cette catastrophe ébranlera profondément Mme Jurien qui, fait rarissime dans sa correspondance, avouera alors son désespoir «... tout semblait en [moi]anéanti, au fond des abîmes ! » écrira-t-elle à sœur Marie de la Providence le 20 janvier 1859 [16].  Deux mois plus tard, le 20 mars 1859, avant d'accoster à Marseille de retour de La Réunion, elle exprimera toute sa lassitude. « Allons courage ! Dieu le Père du Ciel ! Courage donc mon âme, courage, mais mon Père, voyez que je n'ai plus de père ici-bas, que tout croule, [...] autour de moi et que je ne sens plus de force, pour lutter, combattre, dans le monde, contre le monde ! ».

Le souvenir de cette défaite de sa « philanthropie » ainsi que l'épidémie de choléra[16] qui a ensuite décimé la population sur son habitation et dans toute la colonie en 1859, ont sans doute longtemps hanté Mme Jurien et l'ont conduite à amener sur l'île, en 1860, une communauté de Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul pour s'occuper d'hôpitaux à Bel-Air et ailleurs dans la colonie. L'une d'elles, la sœur Petit, témoigne ainsi des soins prodigués par Camille Jurien à ses engagés et affranchis:

« Nous arrivâmes à Bourbon le 7 mars et le 8 à Bel-Air. Il y avait sur son habitation une sorte d'infirmerie pour les pauvres noirs, employés à la culture de la canne. Sans prendre un seul jour de repos, après un si long voyage, Madame Jurien se mit à l'œuvre pour ranger et mettre en ordre ce local pendant un mois qu'elle resta avec nous. Elle se mit à soigner et à panser ces pauvres noirs comme une mère le ferait pour son propre enfant, veillant les malades, leur donnant les aliments préparés pour elle, se contentant d'un peu de riz et de quelques herbes pour sa nourriture. Et le motif qui la faisait agir ainsi était l'esprit de foi voyant en chacun de ses engagés la personne de Notre Seigneur. Elle fit tout ce qui lui était possible pour améliorer le sort, non seulement des malades, mais aussi des colons. Je remarquai qu'à l'affection que l'on avait pour Madame la Vicomtesse, on joignait une grande vénération. Véritable femme de foi, elle eût voulu l'inculquer à tous ses employés. Par ses soins une chapelle fut élevée près de l'établissement. Elle y entretenait un aumônier afin que ses nombreux engagés ou employés (700) puissent remplir leur devoir religieux ou y apprendre le catéchisme. Le dimanche y était exactement observé. Personne n'était malheureux sur son habitation. Chaque esclave libéré en 1848 avait sa petite case, son coin de terre et son petit jardin. »[17]

Par la suite, la ruine de la canne entraina la ruine de l'habitation de Bel-Air et celle de Mme Jurien qui ne se déplaça plus que deux fois à La Réunion. Son dernier séjour eut lieu en 1868. Elle vécut le reste de ses jours, à Prouilhe, en compagnie de deux affranchies, Marie-Antoinette, sa « fille adoptive » et Magdeleine, sa « fille de confiance »[18] dans la pauvreté. Elle repose dans la crypte du monastère qui abrite aujourd'hui une communauté de moniales dominicaines de toutes nationalités.


                         Tombe de Camille Jurien de la Gravière dans la crypte de N-D de Prouilhe (photo M.C.J)

3. Une personnalité déconcertante

Comme beaucoup de grands hommes, Camille Jurien conserve une part de mystère.

Sa force de caractère comme sa compassion impressionnent

En visite chez sa cousine à Nantes, Betsy Desbassayns en fait le portrait suivant :

"Camille est très aimée on lui pardonne ses bizarreries ou on lui dit franchement ses travers. Mr Jurien m'a semblé très bien pour elle, il la laisse faire tout ce qu'elle veut, parce qu'elle est si entière qu'il n'y a pas moyen de lutter[...] Cette chère cousine est toujours aimante pour tous les siens mais la conduite de son père ( il est question de "folie"), les reproches continuels de sa mère et le manque d'enfant à cause de son mari qui ne peut s'y habituer, l'ont rendue triste, elle a le cœur froissé alors elle s'est jetée avec passion, avec exagération dans la religion. Elle va à la messe tous les jours, elle va tous les jours courir seule avec une vieille robe chez tous les pauvres de la ville, elle se prive pour envoyer aux espagnols réfugiés en France [...] et figure-toi que quand elle dit une chose on la fait [...] elle est parfois admirable et d'autre fois affligeante par ses travers. La moindre contrariété ou peine elle a des maux d'estomac ou des évanouissements" (Lettre de Betsy à sa sœur Céline Desbassayns, archives familiales de Christel et Auguste de Villèle)

Son mode de vie en fait une femme d'avant-garde

Mariée, en 1831, au vicomte Louis Charles Jurien de la Gravière, ses relations conjugales avec cet homme dont ont sait peu de choses, sont de courte durée. Dès 1842, Betsy Desbassayns écrit à ce sujet :

" ils n'habitent point la même chambre, mais il est au petit soin pour elle. Il faut dire qu'elle s'est mise en tête que son mari ne savait rien, n'était point capable, de sorte qu'aussitôt que ce pauvre homme dit quelque chose elle le reprend et ajoute : ba ne l'écoutez donc pas, il rougit et dit il n'y a point de femme comme vous pour son mari et cela se termine de même. "

Après la séparation des époux, qui ne va pas jusqu'à la rupture, Camille Jurien voyage librement, en solitaire, obéissant à ce qu'elle perçoit comme des injonctions divines.

Sa spiritualité déconcerte même le clergé de l'époque

Lacordaire, la dit « un peu singulière dans sa mysticité », et son zèle à faire catéchiser les engagés par l'abbé Leclaire provoque l'hostilité du curé de Sainte-Suzanne ; mais elle fait l'admiration de Mgr Maupoint, évêque de La Réunion, qui écrit à son sujet « C'est une femme extraordinaire ».


Notes:

[1] Joseph Desbassayns s'éteindra à Paris en 1850, sans avoir revu La Réunion. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.

[2] Correspondance passive de Charles Desbassayns, Fonds Desbassayns, Archives Nationales de France.

[3] 200 engagés indiens et 196 autres « engagés et nouveaux affranchis », selon l'acte notarié «Inventaire des biens délaissés par Joseph Desbassayns» du 4 mai 1850 ; 268 engagés et 36 femmes non soumises au travail, selon l' « Adjudication du 2 juillet 1879 », archives familiales de Christel de Villèle.

[4] Henri Lacordaire, (1802-1861), rétablit l'ordre des dominicains en France et fut prédicateur à Notre-Dame de Paris de 1835 à 1836 puis de 1843-1846 et enfin de 1847 à1851. Fondateur et directeur du journal L'Ère Nouvelle (avril 1848-août 1848) il fut élu représentant du peuple à l'Assemblée nationale (4 mai 1848-18 mai 1848). Il devint provincial de la province de France (1850-1854 puis 1858-1861) et académicien en 1860.

[5] Correspondance passive de Charles Desbassayns.

[6] Conférences de Lacordaire des frères prêcheurs- tome deuxième, Vingt-cinquième conférence. De la charité de fraternité produite dans l'âme par la doctrine catholique. p.82.

[7] Extrait de l'acte de vente, signé devant Me Caunes, Notaire à Fangeaux dans l'Aude, le 27 décembre 1855. Archives du monastère de Prouilhe.

[8] Lettre que Camille Jurien, ruinée, adresse, le 12 juin 1873, à l'Evêque de Carcassonne pour lui confier qu'elle ne pourra terminer son œuvre de reconstruction. Archives du monastère de Prouilhe.

[9] Correspondance passive de Charles Desbassayns, Fonds Desbassayns, Archives Nationales.

[10] Extrait de Madame Jurien de la Gravière, de Fr. M.D. Constant, dans L'année Dominicaine, Juin 1927,pp 286-287.

[11] Citée par Constant, ibid., et par Prosper Eve dans Un quartier du « Bon Pays », Sainte-Suzanne, de 1646 à nos jours.

[12] Revue française d'histoire d'outre-mer Année 1971 Volume 58 Numéro 212 p. 313.

[13] Article de V. Chaillou-Atrous, publié sur le site https://www.portail-esclavage-reunion.fr. L'auteure a par ailleurs soutenu une thèse de doctorat sous la direction du Professeur Jacques Weber intitulée: De l'Afrique orientale à l'océan Indien occidental, Histoire des engagés africains à La Réunion au XIXe siècle, Université de Nantes, 2010.

[14] Le Colon, 16 décembre 1858, Mouvements des rades.

[15] Selon nos recherches, la moitié environ des contrats de ces travailleurs africains de la Pallas ont été cédés à des colons réunionnais. Chez Mme Jurien, l'association a pu retrouver 23 jeunes « cafres » portant un numéro d'engagement dans les registres de décès survenus entre 1858 à 1879. Ceux qui auront survécu aux traumatismes successifs se trouvent sans doute parmi les 39 « cafres » anonymes, recensés dans l'acte d'adjudication du domaine de Bel-Air en 1879.

[16] Correspondance passive de Sœur Marie de la Providence, archives des Auxiliatrices du Purgatoire, Paris.

[17] Le 6 mars 1859, l'équipage du Mascareignes, rentrant de Quiloa avec des centaines d'engagés africains à bord, dont certains présentaient les symptômes du choléra s'était sciemment soustrait aux contrôles sanitaires, causant ainsi l'épidémie de choléra la plus meurtrière de l'histoire de la colonie, selon Médecine et Santé Tropicales, vol. 22, N°2, avril-mai-juin 2012.

[18] Extrait de Madame Jurien de la Gravière, de Fr. M.D. Constant, dans L'année Dominicaine, Juin 1927, pp.285-286.

[3] Selon le certificat de transfert de leurs dépouilles au cimetière de Fangeaux, le 24 mai 1880, archives de Prouilhe.

La recherche se poursuit afin de mieux cerner la personnalité étrange mais attachante  de cette «fanm-kouraz», qui aura indéniablement marqué son temps et la vie de ses contemporains.